TAN

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Les photographies de la série TAN (Dégât des Eaux) ont été réalisées par Richard Dumas le 5 février 1994, au matin de l’incendie du Parlement de Bretagne, alors qu’étaient évacués sur les trottoirs alentours, les tableaux ou fragments qui avaient pu être sauvés des flammes par les pompiers.
Fin 2015, Olivier Mellano crée une œuvre musicale originale autour de cette série de dix photographies. Cette rencontre sonore et visuelle fait l’objet d’une exposition en mars 2016 au Musée de Bretagne de Rennes.

L’Objet-livre
On connait surtout le travail de portraitiste de Richard Dumas. Le regard qu’il pose pour TAN est introspectif et transcende les tableaux rescapés des flammes et des eaux. Olivier Mellano s’est nourri des images pour composer une pièce contemporaine, empreinte d’une musique à la fois concrète et contemplative.

TAN est composé d’un disque 30 cm vinyle et de dix reproductions 30 x 30 cm de haute qualité imprimées en trichromie, réunis dans une enveloppe  conçue spécialement pour le projet.

L'édition de tête inclut un tirage original digigraphique sur papier baryté format 25 x 25 cm numéroté de 1 à 10 signé par l'artiste. (à choisir parmi les images ci-contre)

Les auteurs
Richard Dumas est auteur-photographe, représenté par la galerie VU. On voit ses images dans la presse (Libération, Le Monde, Magic ou Télérama), ou sur des pochettes de disques (notamment  L’Imprudence de Bashung ou Boire de Miossec) ; Il a exposé à de nombreuses reprises depuis la fin des années 80 sous le commissariat de Christian Caujolle ou bien Bernard Lamarche-Vadel, il est présent dans les collections du FNAC ou du musée de Nantes .

Olivier Mellano est compositeur, improvisateur, auteur et a été guitariste dans plus de cinquante groupes depuis le début des années 90. Il alterne projets pop-rock et compositions pour orchestre symphonique, ensemble guitares électriques, clavecins, orgue, voix ou quatuor à cordes. Son travail de composition s’étend également au cinéma, au théâtre, à la danse et à la littérature.

 

 

"Comme le temps passe",  par Guillaume de Sardes

Qui a vu un film usé par le temps se rétracter en quelques instants au passage sous la lampe mesure combien les arts modernes de l’image sont loin de posséder la pérennité supposée que leur conférerait la reproductibilité. Qu’un tirage unique, séché et jauni, pâlisse au point de devenir illisible ou soit détruit accidentellement, que disparaisse une pellicule ou un fichier numérique, et l’œuvre photographique devient aussi légendaire que tant de toiles ou de fresques autrefois célèbres et que nous ne connaissons plus que par les chroniques ou la gravure. La taille réduite des images, la relative modestie des moyens mis en œuvre pour les produire, ne font qu’accentuer cette tendance à la déréliction.

La photographie participe donc, par son essence même, de la fragilité inhérente à tout art. En gardant trace de la vie des œuvres, exposées, admirées, transportées, menacées, elle documente tout autant leur déclin et leur mort – un déclin et une mort qui sont aussi les siens en tant qu’elle est œuvre elle-même. Un photographe qui passerait, année après année, dans telle église de campagne où s’effritent peu à peu de très anciennes peintures murales, tiendrait le journal d’une disparition annoncée, conscient peut-être que la liasse de ses clichés, enfermée dans un tiroir, sera gagnée elle-même, et bien plus vite que la fresque anonyme, par l’oubli et le néant.

Le néant à l’œuvre : c’est ce dont Richard Dumas a été le témoin à Rennes, au début de l’année 1994, lorsque le bâtiment classique de l’ancien Parlement de Bretagne s’est trouvé la proie des flammes. Comme aucune vie humaine n’était menacée, et que l’on ne semble pas avoir songé à sauver en priorité les papiers de justice, toute la gestion de ce singulier désastre a tourné autour du destin des objets historiques et artistiques présents en nombre dans le palais. C’est à eux que s’est intéressé le photographe. Sur ses clichés, le drame vient d’avoir lieu. Les lances à incendie n’ont pas encore été roulées. On devine, hors champ, les pompiers épuisés, se demandant s’ils ont pu sauver l’essentiel, les conservateurs anxieux, en quête de leurs trésors éparpillées, et à quelque distance, les habitants du voisinage, stupéfaits que ce vénérable édifice de pierre, qu’ils croyaient éternel, ait pu brûler.

Le travail du photographe, dans ces conditions, a quelque chose de celui d’un reporter envoyé sur les lieux d’une catastrophe. Circulerait-il parmi des victimes qu’il témoignerait de scènes presque semblables. Le geste rhétorique qu’accomplissait un personnage sur une grande toile gisant désormais à même le pavé devient, à travers les dégradations de la couche picturale, le dernier appel d’une jeune fille qui se noie. La souffrance du Christ, si souvent représentée depuis tant de siècles, répond ici à la torture des supports noircis, à l’agonie des matières ravagées. Ces images témoignent qu’à la fin tout, vraiment tout disparaît. Même les œuvres d’art. Aussi cette série s’inscrit-elle dans le genre séculaire des Vanités.

Le choix résolu du noir et blanc est cohérent avec la volonté de Richard Dumas d’être au plus près des choses (cadrages serrés, prévalence du détail sur les vues d’ensemble), en refusant tout pittoresque ou toute concession au décoratif. On le retrouve souvent, quoique sans systématisme, dans ses portraits, genre dont il est le maître français ; mais aussi dans une série de clichés de rue pris à Tokyo, et exposée récemment, où la minéralité sèche des immeubles, les lignes dures des branches nues, la brillance glacée des chromes de voitures, toutes saisies en ombres et nuances de gris, composent un cadre presque abstrait et peu hospitalier.

Aucun dolorisme pourtant dans cette série rennaise – en dépit de son sujet. Sur le fond noir funèbre des charbons et des suies s’imposent des images de survie obstinée, à défaut de vie triomphante. Un mince jet d’eau s’échappe d’un gros tuyau, symbole d’une vitalité décidément impossible à contenir. Telle petite figure d’un tableau devenu illisible, mystérieusement préservée ou restaurée à la hâte, on ne sait, reste lumineuse et presque allègre. Dès lors, comment ne pas voir dans toutes ces pièces qui ont pu, même en piètre état, être tirées des flammes, la métaphore de la vie humaine, avec ses accidents, ses pertes, dont on se remet tant bien que mal ?

Car il y a une légèreté paradoxale dans cette histoire d’un drame – quelque chose comme le soleil qui se lève à nouveau après une longue nuit, comme l’air qui redevient léger et frais après que l’on a éteint le souffle lourd de l’incendie. Le vieux monde n’est résolument plus, ses derniers parfums, qui flottaient encore dans les salons du palais, sont évaporés. Pourtant ce n’est pas la fin. Il reste des traces de ce passé qui peuvent irradier le présent. Un détail peut encore fait remonter un souvenir qui serre le cœur… Plus que de la tristesse ou de l’accablement, on éprouve, à regarder les photographies de Richard Dumas, un sentiment poignant, doux et prégnant, qui est peut-être bien de nostalgie.

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